R E N C O N T R E S 9 PH - Méditerranée

SAINT-TROPEZ

Jusqu'au samedi 13 octobre 2012

Sébastien E R Ô M E


Philippe S C H U L L E R


St Tropez Blues

Pour qui connait comme nous Saint-Tropez, pour l’avoir fréquenté dans les années soixante, les images de Philippe Schuller et de Sébastien Erôme respectent l’esprit intemporel des lieux. Et ce n’était pas une mince affaire en ces temps de bling bling et de people, que de choisir de se concentrer sur cette volonté de constat tranquille et sans nostalgie, loin des foules et de l’agitation médiatique. Saint-Tropez, ex-petit port de pêche niché dans son golfe d’azur derrière le massif des maures, solitaire bourgade méditerranéenne que visitait Maupassant et dans lequel Colette avait installé sa «treille muscate» est devenu la cité des milliardaires et de la richesse en quête de représentation, attirant les rêves banals de curieux touristes.
Au détour de ces images nous pourrions encore voir apparaître la silhouette blonde de Brigitte Bardot sortant de sa mini-moke ou d’Eddy Barclay au cigare pointé sur le cochonnet de la place des Lices, mais le silence du climat hivernal répond à ces visions passéistes.
Les deux photographes qui, il faut le noter ont travaillé en binôme, se sont livrés scrupuleusement à un inventaire visuel du territoire, en ayant soin d’éviter les lieux communs des espaces connus de la place des Lices, au port avec son Bailly de Sufren qui trône au dessus de Sénéquier, de ses nuits enflammées «papagayennes», boîtes et boutiques bariolées du petit matin.
Les deux visiteurs se sont plus sûrement attachés aux ambiances hivernales captant la solitude toujours latente d’un village méditerranéen retournant presque à l’anonyme dans leurs points de vue.
Philippe Schuller nous entraîne sur les traces de paysages urbains très soignés, baignés de lumières crépusculaires, excluant toute anecdote autre que le présent saisi. Sébastien Erôme privilégie plus les éléments, cieux plombés et plages désertées, ponctués par quelques personnages en situation dans leur environnement, là où le vent et les temps gris assiègent les seconds plans. Peut-être les derniers tropéziens de vieille souche dorment ils encore derrière les façades de leurs vieux rêves abîmés? Tel Augustin déroulant ses filets la pipe dans la brise à la poupe de son pointu...
Une impression de fraîcheur et d’humidité triste baigne ce travail d’évocation d’une station hors du temps et hors saison.

Commissariat Gilles Verneret


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